"Parcours migratoires, Récits d’exils" exposition des travaux des 4e dans Aurignac
Du 18 juin au 30 juin, vous pourrez voir dans Aurignac, en partant du collège vers le PRAHDA, les travaux des élèves de 4e réalisés en Français et en Géographie avec Aïcha Ayoub de la Compagnie Kaktus.
Ces travaux ont été intégrés dans les propositions de la Journée mondiale des réfugiés organisées par le PRAHDA le mercredi 18 juin à Aurignac : https://www.aurignac.fr/evenements/fete-du-prahda/?occurrence=2025-06-18
Le 20 juin les élèves et des demandeurs d'asile ont suivi ce parcours pour lire chaque carte sensible et choisir la plus belle, la plus originale et la plus émouvante, avec pour point final une collation au PRAHDA.
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Le texte de présentation de ce projet, par Aïcha Ayoub :
Parcours migratoires Récit d’exils
Vrai lieu
“Qu'une place soit faite à celui qui approche Personnage ayant froid et privé de maison Personnage tenté par le bruit d'une lampe Par le seuil éclairé d'une seule maison Et s'il reste recru d'angoisse et de fatigue Qu'on redise pour lui les mots de guérison Que faut-il à ce cœur qui n'était que silence Sinon des mots qui soient le signe et l'oraison Et comme un peu de feu soudain la nuit Et la table entrevue d'une pauvre maison”
Yves Bonnefoy
Cette exposition est l’aboutissement d’un projet réalisé par deux classes de 4ième du collège Émile-Paul Vayssié, avec leurs professeurs d’Histoire Géographie et de Français, Régis Broué et Céline Reinagel, et une artiste de la Cie Kaktus, Aïcha Ayoub. Elle réunit 22 créations de cartes sensibles autour de la question de la migration et de l’exil. Le langage artistique s’est mis en résonnance avec un travail pédagogique extrêmement riche, mené par les professeurs. En amont de l’intervention de l’artiste, ils ont abordé la question de l’exil et de la migration à travers des matériaux très divers : un roman (La traversée de Jean Christophe Tixier), une exposition (Kotchok d’Olivier Jobard), des rencontres avec des exilés du Prahda d’Aurignac, un court métrage, divers documents : autant de regards et perceptions focalisant sur les récits des exilés. Le travail de création est venu s’emparer de ces matériaux, pour faire un pas de côté et porter un regard mêlant réalité et imaginaire. Nous avons demandé à chaque groupe d’élèves de partir de toute cette matière réelle pour imaginer un parcours migratoire qui raconte le périple d’un.e exilé.e de son pays vers le pays accueil : un chemin de vie composé à la fois d’éléments réels et d’imaginaires nourris par cette réalité. Les élèves ont ensuite créé et réalisé des cartes sensibles qui retracent les chemins émotionnels possibles d’un.e exilé.e. La carte sensible est un outil développé dans le champ de la géographie. Elle s’inspire des codes des cartes géographiques classiques au profit de la mise en valeur des formes subjectives de notre perception de l’espace. Elle met en avant une approche qui met en valeur l’incarnation vivante et perceptive de notre corps dans l’espace. Sa dimension subjective est un outil de créativité riche qui peut s’articuler dans un travail participatif avec les acteurs du territoire Elle nous paraissait être le média idéal pour travailler avec des jeunes sur des récits d’exils car elle met en valeur la dimension intime de l’expérience de l’exil en l’extrayant de sa dimension géopolitique. Chaque carte sensible s’est enrichie d’un travail d’écriture poétique, amené comme un jeu, où le mot est éloigné de son sens au profit d’une mise en valeur de sa signifiance, de sa musicalité et de sa matérialité. Pensé comme un exercice poétique, nous avons travaillé sur des procédés et des codes précis d’écriture pour s’ouvrir à une forme d’écriture libre. Avec ces outils, les élèves ont eu la liberté d’aborder les récits d’exils : se reconstruire, raconter un parcours, porter un regard sur le monde, inventer et imaginer sa vie après l’exil, nostalgie du pays quitté, rencontres… L’exposition est proposée à travers une déambulation dans le village d’Aurignac ayant pour point de départ le collège et point d’arrivée le Prahda. Par ce partage hors les murs, un lien se crée, un pont entre deux lieux de la commune d’Aurignac, un collège, lieu de la transmission, de l’apprentissage du vivre ensemble et le Prahda, lieu de l’accueil, de l’hospitalité, de la reconstruction. Faire le lien dans cette déambulation c’est aussi ouvrir le travail des élèves hors les murs du collège et leur permettre de partager leurs regards et leurs créations au sein de la commune. Le regard interrogateur et parfois empli de doutes des élèves au début du projet a disparu pour laisser la place à la curiosité et l’acceptation de plonger dans l’inconnu. Petit à petit est née une dynamique créative foisonnante, une envie de s’exprimer, de raconter, de se mettre en danger, d’accepter de faire, de faire confiance, de se faire confiance. Tous les élèves ont imaginé des récits, des cartes, des écrits poétiques qui résonnent avec leurs sensibilités. Il y a autant d’histoires d’exilé.es que de cartes et les récits abordés sont empreints de douleurs : la guerre, la pauvreté, la persécution religieuse ou de genre, le racisme, la violence faite aux femmes, les catastrophes climatiques. Mais dans toutes les cartes transparait et s’exprime une grande foi en l’humanité : l’espoir, l’attachement à la vie, à l’amour, à l’amitié. Et si parfois certains récits ont été déroutants pour nous, leurs regards sensibles attachés aux choses si simples de la vie - une peluche, un collier, un coucher de soleil, une étreinte – étaient une poésie qui nous ramenait à l’humanité partagée. L’exil est alors un récit à la fois intime et universel. Si le rôle de l’artiste est de créer des histoires pour nous raconter le monde en partage, il est aussi, modestement, un passeur d’humanité. Par la rencontre avec les jeunes, les ateliers, les projets, il crée un lien fort dans un étroit travail avec les équipes pédagogiques pour construire des passerelles entre
Je voudrais remercier Régis Broué et Céline Reinagel de m’avoir fait confiance, d’avoir accompagné les élèves durant toute l’année. C’est un réel bonheur pour l’artiste de travailler dans des projets : le dialogue des compétences et la transversalité sont une réelle richesse humaine et sensible. Merci au collège, à toute l’équipe, au principal Monsieur Pascaud d’avoir permis ce projet, de l’accueil et de la confiance, Merci à la mairie d’Aurignac, d’avoir permis de partager ces créations hors les murs, sur les chemins d’une commune qui tisse des liens forts entre les différentes énergies humaines de ce territoire, témoin d’un vivre ensemble possible. Merci au Prahda, à Clémentine d’être un témoin sensible de la réalité migratoire aujourd’hui. Merci à monsieur et madame Bamba qui sont venus partager leurs récits, leurs vécus intimes, avec générosité et sourire. |